jeudi 12 septembre 2013

“La mixité sociale à Paris est une notion hypocrite”

Des appartements réhabilités à Bastille ou Belleville, des parcs, des terrasses et une flopée d’équipements culturels dans les quartiers populaires : la ville de Paris connaît depuis 20 ans une embellie urbaine, à l’instar de New York ou Londres. 

Mais alors qu’on vante les bienfaits économiques et écologiques de cette “gentrification”, on passe sous silence le nouveau rapport de force entre ceux qui ont les moyens d’acheter et ceux qui sont chassés des quartiers populaires de plus en plus chers. Dans son livre “Paris sans le peuple”, la géographe Anne Clerval revient sur les dessous de la gentrification. Rencontre.

C’est quoi la gentrification ?
Anne Clerval - C’est une forme d’embourgeoisement qui concerne les quartiers populaires : le remplacement de la population d’origine s’accompagne d’une transformation matérielle du quartier (habitat, commerces, espace public). Le processus se remarque depuis une vingtaine d’années dans le Nord-Est parisien, où les ouvriers ont laissé la place à la petite bourgeoisie intellectuelle – des cadres aux ingénieurs, en passant par les intellectuels précaires.
Comment est-ce arrivé ?
C’est le résultat de plusieurs facteurs structurels : d’abord la désindustrialisation de Paris et la concentration d’emplois du secteur tertiaire, mais aussi la levée de l’encadrement des loyers dans les années 1980, qui a relancé la spéculation immobilière.

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