dimanche 13 octobre 2013

Lettre ouverte à Pierre Laurent, secrétaire national du PCF et sénateur de Paris, par Sydné93


Le 10 octobre 2013


Cher Pierre, cher camarade.


Nous nous connaissons. Tu nous a accordé une interview lors du dernier congrès du Parti Communiste Français auquel j’ai été invité en qualité de camarade du Front de Gauche et responsable de ce blog, A gauche pour de vrai!Tes réponses à mes questions, l’ambiance d’unité qui y régnait me remplissaient d’un incroyable espoir. Tu entendais, à l’époque, t’opposer par tous les moyens au gouvernement afin qu’il ne mette pas en place l’Accord National interprofessionnel. Tu déclarais, et avec toi tous les camarades présents, faire du Front de Gauche cette force de rassemblement du progrès et de la justice sociale, cette force d’opposition au libéralisme et au capitalisme financier, cette force qui donnerait l’espoir et affirmerait qu’une autre politique est possible, qu’une autre politique est désormais indispensable que celle menée depuis plus de 11 ans maintenant. De tout cela il n’y a même pas quelques mois, 8 pour être tout à fait précis. Mais nous étions, alors, encore loin des élection municipales. Nous sentions bien, tous, au sein du Front de Gauche, qu’elles constitueraient une épreuve de taille pour notre jeune rassemblement politique. Nous pensions même pouvoir les enjamber, pour ne pas dire les ignorer, afin de vite, très vite, passer aux élections européennes sans encombre et dans l’unité. Seulement voilà. La réalité politique, économique et sociale de ces derniers mois nous a ramenés sur terre, nous a rappelé le principe de réalité.

La république est une et indivisible, quels que soient ces étages d’organisations. Il n’y a pas d’un côté l’état et l’assemblée nationale et de l’autre la commune et son conseil municipal. Il y a la république qui s’interpénètre en permanence, souvent dans une respiration haletante. Un ministre de l’intérieur, du sommet de l’état, déclare qu’une population est impossible à intégrer sur notre territoire national et aussitôt des maires font part de leurs expériences et initiatives locales. Ici pour expliquer comment ils chassent ou entendent chasser cette population, là pour expliquer qu’il est possible de les intégrer à la république. A l’assemblée, les députés socialistes seuls, absolument seuls, décident de rallonger la durée de cotisation des retraites. Les députés communistes votent contre ce dispositif qui vise en réalité à faire reculer « mécaniquement » l’âge de départ à la retraite et donc à faire baisser le niveau des pensions. Et tu sais que cette misère programmée arrivera dans le bureau des maires, fera l’assaut des permanences des conseillers municipaux pour demander aide et secours. Tout comme tu vois chaque jour comment la politique de rigueur et d’austérité, maintenant inscrite au sommet de notre constitution sous la forme d’une loi organique et qui se nomme la règle d’or budgétaire, empêche l’état et ses ministres d’agir contre le saccage de notre industrie, saccage orchestré de toute pièce par un libéralisme financier qui fait la loi aussi bien à Paris qu’à Bruxelles, siège du parlement européen dont tu es le président du PGE. Et tu vois alors comment à Aulnay sous Bois comme dans tant d’autres villes ou villages, les maires et les conseillers municipaux se prennent en pleine figure le désastre des plans sociaux, et se retrouvent à l’arrivée seuls pour les gérer, seuls à tenter de canaliser une colère proportionnelle à la misère engendrée par ce libéralisme de l’offre. Tout comme tu te souviens avec quelle mépris François Hollande, Président de la république d’aujourd’hui, premier secrétaire du parti socialiste d’hier, a repoussé d’un revers de main cette loi d’amnistie des syndicalistes qui ont lutté pour leur survie dans le monde du travail. Voilà donc quelques principes de réalité qui nous ont rappelé à toutes et tous que l’on n’enjambe pas une élection municipale aussi facilement que cela, par simple commodité. Car la République est une et indivisible.

Oui, il est indispensable d’avoir des élus en République. Mais le moteur d’une élection ne peut pas être le conservatisme, y compris de ses positions. Le moteur d’une élection ne peut être que et uniquement la recherche du progrès, de la nouveauté. Or, à gauche, le progrès et la nouveauté se situent au Front de Gauche, pas au parti socialiste. Le parti socialiste a des pratiques électorales d’un autre âge. Des pratiques qui empêchent le renouvellement, qui favorisent le cumul des mandats, qui ambitionnent la disparition du Front de Gauche et du Parti Communiste Français.

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