samedi 17 octobre 2015

Lettre ouverte des "connards de climatosceptiques" à Madame Kosciusko-Morizet

Anne de Marcillac, ingénieur agronome, fait valoir son droit de réponse à Nathalie Kosciusko-Morizet qui sur Canal Plus a déclaré que « les climato-sceptiques sont des connards ».


Madame la Ministre, 

 « C'est très clair dans ma tête », avez-vous dit sur le plateau du Grand Journal de Canal plus le 5 octobre, « les climato-sceptiques sont des connards ». Cela fait beaucoup de monde ! Sachant les contributions remarquables de beaucoup de ces « connards » à la science, qu'elle soit ou non climatique, vous avez poussé le bouchon très loin. 

Souvenez vous. En octobre 1989, le Dr Stephen Schneider, climatologue alors « lead author » pour le premier rapport du GIEC expliquait à Discover : « D'un côté, en tant que scientifiques, nous sommes éthiquement liés à la méthode scientifique, ce qui signifie dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, et indiquer aussi les doutes, les mises en garde, les conditions de validité. D'un autre côté, nous sommes des êtres humains. Et, comme la plupart des êtres humains, nous souhaiterions un monde meilleur, ce qui dans ce contexte signifie réduire le risque d'un changement climatique potentiellement désastreux. Pour ce faire, nous avons besoin du soutien d'une base élargie, de capter l'attention du public. Ceci passe bien sûr par une bonne couverture médiatique. Nous devons donc présenter des scénarios effrayants, faire des déclarations spectaculaires, simplifiées, en taisant les doutes que nous pourrions avoir. La résolution de cette double contrainte éthique dans laquelle nous nous trouvons n'est pas simple. Chacun de nous doit décider ce qui est le juste équilibre entre être honnête et être efficace. J'espère qu'il est possible d'être les deux » (J. Schell, Discover, pp. 45-48, Oct. 1989). Cela ne signifiait pas, a-t-il précisé plus tard, que la fin justifiait les moyens, et, en 1989, la température mondiale augmentait de fait assez rapidement. 

Et pourtant, elles stagnent ! 

Mais il se trouve que depuis 1998 et selon les quatre référentiels utilisés par les chercheurs, les températures évoluent à un rythme très ralenti, de l'ordre de quelques millièmes de degré par an. Jean Jouzel, Vice-président du GIEC, a reconnu cette quasi-stagnation dans « Le défi climatique - Objectif +2°c » (Dunod -2014) et, plus récemment, sur France inter le 21 août 2015. Les modèles sur ordinateur utilisés par le GIEC n'avaient pas prévu ce ralentissement ni ne sont capables de le reproduire (H. von Storch and al. « Can climate model explain the recent stagnation in the global warming? »). C'est un fait. Nous sommes, aujourd'hui, plus bas que la fourchette basse des projections du GIEC. 


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